Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/201

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Pascal lui fait alors comprendre que ce crime ayant été le plus grand de tous les crimes en toutes ces circonstances, il avait été puni non seulement dans ce premier homme, qui, étant déchu par là de son état, tomba tout d’un coup dans la misère, dans la faiblesse, dans l’erreur et dans l’aveuglement, mais encore dans tous ses descendants à qui ce même homme a communiqué et communiquera encore sa corruption dans toute la suite des temps.

Il lui montre ensuite divers endroits de ce livre où il a découvert cette vérité. 11 lui fait prendre garde qu’il n’y est plus parlé de l’homme que par rapport à cet état de faiblesse et de désordre ; qu’il y est dit souvent que toute chair est corrompue, que les hommes sont abandonnés à leurs sens, et qu’ils ont une pente au mal dès leur naissance. 11 lui fait voir encore que cette première chute est la source, non seulement de tout ce qu’il y a de plus incompréhensible dans la nature de l’homme, mais aussi d’une infinité d’effets qui sont hors de lui, et dont la cause lui est inconnue. Enfin il lui repré sente l’homme si bien dépeint dans tout ce livre, qu’il ne lui parait plus différent de la première image qu’il lui en a tracée.

Ce n’est pas assez d’avoir fait connaître à cet homme son état plein de misère ; Pascal lui apprend encore qu’il trouvera dans ce même livre de quoi se consoler. Et en effet, il lui fait remarquer qu’il y est dit que le remède est entre les mains de Dieu ; que c’est à lui que nous devons recourir pour avoir les forces qui nous manquent ; qu’il se laissera fléchir, et qu’il enverra même aux hommes un libérateur, qui satisfera pour eux, et qui suppléera à leur impuissance.

Après qu’il lui a expliqué un grand nombre de remarques très particulières sur le livre de ce peuple, il lui fait encore considérer que c’est le seul qui ait parlé dignement de l’Etre souverain, et qui ait donné l’idée d’une véritable religion. Il lui en fait concevoir les marques les plus sensibles qu’il applique à celles que ce livre a enseignées ; et il lui fait faire une attention particulière sur ce qu’elle fait consister l’essence de son culte dans l’amour de Dieu qu’elle adore ; ce qui est un caractère tout singulier, et qui la distingue visiblement de toutes les autres religions, dont la fausseté paraît par le défaut de cette marque si essentielle.

Quoique Pascal, après avoir conduit si avant cet homme