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Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/24

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PRÉPARATION DE L’ÉDITION PRINCEPS

attestation ; sur la protestation de Mme Périer[1], M. Beurrier dut reconnaître son erreur ; ce qui n’empêcha point l’archevêque de Paris de profiter de la publication des Pensées pour ressusciter la légende et essayer d’imposer l’adjonction aux Pensées de la prétendue rétractation de Pascal ; il en parle au libraire Desprez le 24 décembre 1669, avant l’apparition de l’ouvrage[2] ; le 2 mars 1670, il revient à la charge auprès de M. Périer en vue d’une seconde édition, et il fallut user d’artifice pour qu’il ne fût pas fait injustice « à la vérité et à la mémoire de M. Pascal[3] ». La crainte de réveiller cette affaire fit renoncer, même en 1678, à la publication de la vie de Blaise Pascal, écrite par Mme Périer ; en 1682 enfin un libraire veut imprimer cette Vie, à l’insu de la famille, il se propose d’y joindre l’attestation de la rétractation de Pascal ; ; Mme Périer intervient encore, et fait intervenir Domat, en termes très vifs et très menaçants[4].

De telles circonstances expliquent la prudence qui était imposée aux amis de Pascal, et aussi la diversité de leurs tendances et de leurs dispositions. Le privilège pour la publication des Pensées est du 27 décembre 1666, il est enregistré le 7 janvier suivant. Mais ce ne fut guère que deux ans après, en octobre 1668, au lendemain de la paix de l’Église, que se tinrent les réunions pour arrêter le plan de la publication. Il est à présumer que l’intervalle avait été mis à profit par le duc de Roannez pour l’entreprise qu’il avait faite de reconstituer l’Apologie de Pascal. Les Périer étaient à Clermont ; on soumit le travail de M. de

  1. Lettre de 1665 (Lettres, opuscules, etc. de la famille Pascal, publiés par Faugère, p. 87).
  2. Ibid. p. 112, sqq.
  3. Voir aux Pièces justificatives, p. CLXXII.
  4. Cf. Recueil d’Utrecht, 1740, p. 368.