Section X. Les Figuratifs.
Pascal expose lui-même le sens et l’importance qu’il atta che aux Figuratifs. En effet le passage de Y Ancien Testament au Nouveau se fait au moyen des prophéties : si ce qui est pré dit par l’un se vérifie dans l’autre, alors les deux Testaments sont justifiés en même temps. Or, comment retrouver dans l’Ancien Testament les événements dont le Nouveau porte le témoignage ? Si l’Ancien Testament doit être interprété au sens littéral, ainsi que le veulent les rabbins, il est sûr, de l’aveu de Pascal, que les prédictions n’en ont pas encore été réalisées : Israël, n’ayant ni les richesses ni la domination qui lui ont été promises, attend encore son Messie. Mais ce sens littéral est un voile qui obscurcit et qui aveugle, il y a un autre sens qui éclaire et qui est le vrai, c’est le sens spirituel. Ces deux sens ne sont pas opposés : ils sont parallèles, le premier est dans l’ordre de la chair ce qu’est l’autre dans l’ordre de l’es prit, l’un est l’image ou la. figure de l’autre et ainsi s’explique qu’un même livre puisse avoir deux sens suivant qu’il est lu avec les yeux de la concupiscence ou avec les yeux de la cha rité. Or, comment prouver que le sens littéral recouvre en effet un sens spirituel et que c’est ce sens qui donne la clé de l’Écriture ? Pascal indique lui-même les trois ordres d’ar guments auxquels il recourt. En premier lieu cela ne se rait pas digne de Dieu, c’est-à-dire que les commandements donnés par Dieu ne peuvent pas avoir pour fin la satisfaction de la concupiscence ; la promesse des biens temporels est faite pour aveugler ceux qui n’ont pas le cceur pur ; mais, pour en tendre la parole de Dieu, il faut se placer au point de vue de Dieu et non au point de vue de l’homme. Or, du point de Dieu le but est la charité ; on s’éloigne en s’ éloignant de la charité ; en rapportant à la charité, on comprend. En d’autres termes l’Écriture peut être interprétée ou comme une loi pleine de menaces et de promesses charnelles ou comme tendant à la charité ; et ces deux interprétations sont incompatibles. Mais la charité a une valeur absolue, parce qu’elle unit à Dieu qui est l’Être absolu, elle n’est donc pas susceptible de repré senter autre chose, d’être convertie en figure. La loi est figu-