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Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/379

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Ed. Bossut, supplément 2] 43

Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent : Mon livre, mon commentaire, mon his toire, etc. — Ils sentent leurs bourgeois qui ont pi gnon sur rue, et toujours un « chez moi » à la bouche. Ils feraient mieux de dire : Notre livre, notre commentaire, notre histoire, etc. —, vu que d’ordinaire il y a plus en cela du bien d’autrui que du leur 1.

4a3] 44

Voulez-vous qu’on croie du bien de vous ? n’en dites pas 2.


donné à un roi, plaît au sujet qui le donne ; car il diminue la qua lité du souverain. La malignité de l’homme trouve son compte à un langage qui diminue les distances.

43 Cf. Faug., I, 254 ; Hav., XXIV, 68 ; Mol., II, i5i ; Mich., 987.

1. Ce fragment ne paraît pas correspondre à un écrit de Pascal ; c’est le souvenir d’une conversation à laquelle Bossut fait allusion à la fin de son Discours sur la Vie et les Ouvrages de Pascal : « Il se permettait volontiers dans la société ces railleries douces et ingénieuses, qui n’offensent point, et qui réveillent la langueur des conversations : elles avaient ordinairement un but moral ; ainsi par exemple il se moquait avec plaisir de ces auteurs qui disent sans cesse : mon livre, etc. » (Œuvres de Pascal, t. I, p. 118). — Mais le tour original du fragment permet du moins d’y voir un écho direct de la parole de Pascal.

44 Cf. B., 3 7 i ; C, 3a8 ; Bos., I, ix, 5 9 ; Faug., I, ao4 ; Hav., VI, 56 Mol., I, 134 ; Mich., 691.

2. Cf. Montaigne : « On ne parle jamais de soy, sans perte : les propres condamnations sont toujours accrues, les louanges mes crues. »