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Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/378

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Il faut plaire à ceux qui ont les sentiments hu mains et tendres.

Celle des deux borgnes ne vaut rien, car elle ne les console pas, et ne fait que donner une pointe à la gloire de l’auteur 1. Tout ce qui n’est que pour l’au teur ne vaut rien. Ambitiosa recidet ornamenta 2.

Prince à un roi plaît, pource qu’il diminue sa qua lité 3.


1. L’allusion à l’épigramme des deux borgnes a été parfaitement élucidée par Havet : « Il me paraît que cette pensée a dû être suggérée à Pascal par l’espèce d’Anthologie latine que MM. de Port-Royal publièrent en 165o, sous le titre de Epigrammaticus delectus. Ce recueil est précédé d’une dissertation en latin (par Nicole) dont un des paragraphes a pour titre : De Epigrammatis mali gnis. On y condamne la malignité qui s’attaque aux défauts cor porels, et à tout ce qui est un malheur plutôt qu’une faute. On reproche cette malignité à Martial, et on cite comme exemples quelques unes de ses épigrammes, particulièrement contre des borgnes. Mais je n’ai pu trouver dans Martial une épigramme où il soit question de deux borgnes. M. Sainte-Beuve ne l’a pas trouvée non plus (tome III, p. 35 1). Il me semble, d’ailleurs, que, si Martial avait fait une épi gramme sur deux borgnes, il se serait fort peu soucié de les consoler, et qu’on n’aurait pas été tenté de lui demander cela. Je crois donc que le mot celle ne doit pas s’entendre d’une épigramme de Martial, mais simplement d’une épigramme ; et je pense que cette épigramme des deux borgnes pourrait bien être celle-ci, qui est célèbre, et qu’on a citée souvent :

Lumine Acon dcxtro, capta est Leonilla sinistro,
Et potis est forma vincere ulerque deos.
Blande puer, lumen quod habes concède parenti,
Sic tu cœcus Amor, sic erit illa Venus ».

2. Citation d’Horace, Epître aux Phons } 447-44S.

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Cf. B., 365 ; C, 3ai ; Faug., I, 212 ; Hav., XXV, 69 ; Mot., I, ia3 ; Mien., 757.

3. Cette phrase elliptique doit être entendue ainsi : le nom de prince,