Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/404

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planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible ; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons[1], dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné ; et trouvant encore dans les autres la même chose[2] sans fin et sans repos[3], qu’il se perde dans ces merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur étendue[4] ; car qui n’admirera que notre corps, qui tantôt n’était pas perceptible dans l’univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse[5], un monde, ou plutôt un tout, à l’égard du néant où l’on ne peut arriver[6] ?

  1. [Et dans ces cirons une infinité d’univers semblables à ceux qu’il vient d’entendre, et toujours des deux profondeurs pareilles, sans fin et sans repos.]
  2. [Il se perdra.]
  3. À la page 351 du manuscrit. — [Voilà une idée imparfaite de la vérité des choses, laquelle quiconque aura considérée aura pour la nature le respect qu’il doit [et aura un [le respect pour la nature et pour soi le mépris à peu près qu’il doit avoir] qui ne se perdra dans ces petites.]
  4. Car en surcharge.
  5. ]Mais plutôt.[
  6. Pascal se souvient manifestement ici d’une lettre que Méré lui écrivit en 1654 contre l’infinie divisibilité de l’espace et où il passe comme fait Pascal ici même de l’étendue abstraite à l’univers concret : « Je vous demande encore si vous comprenez distinctement qu’en la cent millième partie d’un grain de pavot, il y pût avoir un monde, non seulement comme celui-ci, mais encore tous ceux qu’Épicure a songés. Pouvez-vous comprendre dans un si petit espace la différence des grandeurs, celle des mouvements et des distances, de combien le soleil est plus grand que ce petit animal qui luit quelquefois dans la nuit, et de combien la vive clarté de ce grand astre surmonte cette faible lueur ? Pouvez-vous concevoir en ce petit espace de combien le soleil va plus vite que Saturne, ou si le soleil est immobile comme quelques-uns en sont persuadés. Pourriez-vous supputer, ni vous, ni Archimède, en un lieu si serré, de combien le mouvement du boulet qui sort du canon surpasse l’allure d’une tortue ? Trouverez-vous dans