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SECTION VIII.

pour éclairer les uns et obscurcir les autres ; mais l’évidence est telle, qu’elle surpasse, ou égale[1] pour le moins, l’évidence[2] du contraire ; de sorte que ce n’est pas la raison qui puisse déterminer à ne la pas suivre ; et ainsi ce ne peut être que la concupiscence et la malice du cœur. Et par ce moyen il y a assez d’évidence pour condamner et non assez pour convaincre ; afin qu’il paraisse qu’en ceux qui la suivent, c’est la grâce, et non la raison, qui fait suivre ; et qu’en ceux qui la fuient, c’est la concupiscence, et non la raison qui fait fuir.

Vere discipuli[3], vere Israëlita[4], vere liberi[5], vere cibus[6].

Première Copie 226] 565

Cf. G., 438 ; P. R., XVIII, 19 ; Bos., II, xui, 10 ; Fauq., II, i56 ; Mot., I, 319 ; Mich., 909.

Reconnaissez donc la vérité de la religion dans

    4, apud Littré). C’est cette dernière acception qui est ici visée par Pascal. Evidence est synonyme de lumière, et alors il est possible de mettre en balance et de comparer l’évidence de deux contraires.

  1. [Au jugement.]
  2. [De toute autre vérité, religion et.]
  3. Joan., VIII, 31. Texte cité et commenté par Pascal lui-même au fr. 519. Si Jésus a dit qu’il y a de vrais disciples, c’est qu’il y en a de faux, au sein de l’Eglise et dans une fidélité apparente : ainsi se trouve confirmé le caractère équivoque et ambigu de la vérité chrétienne.
  4. Videt Jésus Nathanaël venieniem ad se, et dicit de eo : Ecce vere Israëlita, in quo dolus non est, Joan., I, 47.
  5. Joan., VIII, 36. Si ergo filius liberaverit, vere liberi eritis.
  6. Joan., IV, 56 : caro enim mea vere est cibus : et sanguis meus vere est potus.