Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/16

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se perd comme il arrive dans les grandes batailles de la presse parisienne qui tire sur les masses sans viser ; là il faut, comme dit Tillier, ajuster son homme pour le tuer ; ce n’est pas une guerre, c’est un duel, duel à mort, qui n’a point les ivresses, les excuses de la mêlée, qui a tous les inconvénients, toutes les tristesses du combat singulier, une sorte d’assassinat. Comment voulez-vous qu’on soit juste pour un homme à qui l’on voit faire tous les jours cette besogne-là ?

Dire, par exemple, que le pamphlétaire peut être un homme de cœur et de sentiment, de dévouaient et de bonté, de poésie et d’amour, n’est-ce pas tout d’abord faire jeter les hauts cris à tous les meurtris qui saignent encore de leurs blessures, à tous ceux qui ont souffert de ses coups et même à tous ceux qui s’en sont réjouis ? N’est-ce pas scandaliser les uns et pour le moins étonner les autres ? Dire enfin que Claude Tillier a eu plus que personne cette sensibilité exquise, cette charité vive, cette ame vibrante et poétique, pleine de commisération et de bienveillance, cet amour du bon et du beau qui fait les ennemis du laid et du mal, qui a fait les misanthropes de tous les temps depuis Timon jusqu’à Rousseau, n’est-ce pas ce qui va surprendre, sinon révolter bien du monde là bas ? Et pourtant, c’est ce que j’ai vu dans ses écrits, ce que je veux montrer, prouver à tous ceux qui ne seront pas aveuglés d’avance ; et pour cela je citerai