Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/17

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plus que je n’écrirai ; je me servirai de sa parole, de son œuvre, de lui-même enfin, pour le faire voir tel qu’il est et doit être aux yeux de tout lecteur non prévenu.

Prenons d’abord le titre de ses œuvres principales, à commencer par le commencement : Pamphlets de Claude Tillier. Ce titre seul, pour beaucoup de gens, passe déjà condamnation. Pour beaucoup de gens encore, tout pamphlet est une énormité, une œuvre monstrueuse, hideuse, faite de haine et d’envie : il n’y a que les Locustes de la pensée qui manipulent ces poisons ; il n’y a que les reptiles de la presse qui distillent ce venin ; tout pamphlétaire est de fait une bête immonde, fourchue, hostile à tous, une sorte de vipère qui a une vésicule de fiel sous chaque dent, bref, qui n’est bonne qu’à mordre et qu’il faut tuer sans merci ; un monstre qu’il faut étouffer en naissant. Il y en a bien quelques-uns, sans doute, qui ressemblent à cela ; mais croire que l’exception soit la règle, c’est là une idée arriérée, une idée du bon vieux temps, du temps que les écrivains étaient un peu plus mal vus que Cartouche et Mandrin, du temps que le bourreau était le censeur suprême des auteurs et des livres, que la liberté de la presse en France s’appelait Amsterdam ou La Haye, que tout écrivain ayant une vérité à dire devait être forcément un libelliste infime, un vil pamphlétaire, et s’attendre, pour le