Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/213

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un marquis ! avec un homme qui descend en droite ligne de Cambyse, roi d’Égypte !…

— Je crois, misérable, que tu profites de ma position pour te moquer de moi ! s’écria le marquis, revenant à la violence de son caractère.

— Pas le moins du monde, répondit froidement Benjamin. Vous souvenez-vous d’un homme que vous fîtes, il y a trois mois, traîner dans votre château par vos sbires, parce qu’il ne vous avait point salué, et auquel vous fîtes l’affront le plus sanglant qu’un homme puisse faire à un autre homme ?

— Un homme à qui j’ai fait baiser… En effet, c’est toi ; je te reconnais à tes cinq pieds dix pouces.

— Eh bien ! l’homme aux cinq pieds dix pouces, cet homme que vous regardiez comme un insecte, comme un grain de poussière que vous ne rencontreriez jamais que sous vos pieds, vous demande maintenant réparation de l’insulte que vous lui avez faite.

— Eh ! mon Dieu ! je ne demande pas mieux ; fixe la somme à laquelle tu évalues ton honneur, et je m’en vais te la faire compter de suite.

— Te crois-tu donc, marquis de Cambyse, assez riche pour payer l’honneur d’un honnête homme ? me prends-tu pour un robin ? crois-tu que je me fais insulter pour de l’argent ? Non ! non ! c’est une réparation d’honneur qu’il me faut. Une réparation d’honneur ! entends-tu, marquis de Cambyse ?

— Eh bien ! soit, dit M. de Cambyse dont les yeux étaient attachés sur l’aiguille de sa pendule, et qui voyait avec effroi s’enfuir la fatale demi-heure ; je vais déclarer devant Mme la marquise, je déclarerai par écrit, si vous le voulez, que vous êtes un homme d’honneur, et que j’ai eu tort de vous avoir offensé.