Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/215

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— Oh ! madame, reprit Benjamin en s’inclinant avec grâce, je vous prie de croire que si c’était de vous que j’eusse reçu une pareille insulte, je ne vous garderais pas rancune.

Mme de Cambyse sourit, et comprenant qu’il n’y avait rien à gagner avec mon oncle, elle engagea elle-même son mari à se soumettre à la nécessité et lui fit observer qu’il n’avait plus que cinq minutes pour se décider.

Le marquis, vaincu par la terreur, fit signe à deux laquais qui étaient dans sa chambre de se retirer.

— Non pas, dit l’inflexible Benjamin, ce n’est pas ainsi que je l’entends. Laquais, vous allez au contraire avertir les gens de M. de Cambyse de se rendre ici de sa part ; ils ont été témoins de l’insulte, il faut qu’ils le soient de la réparation. Mme la marquise seule a le droit de se retirer.

Le marquis jeta un coup d’œil sur la pendule et vit qu’il ne lui restait plus que trois minutes ; comme le laquais ne bougeait :

— Allez donc vite, Pierre, dit-il ; exécutez les ordres de monsieur ; ne voyez-vous pas qu’il est seul maître ici pour le moment ?

Les domestiques arrivèrent l’un après l’autre ; il ne manquait plus que l’intendant ; mais Benjamin, rigoureux jusqu’au bout, ne voulut pas commencer qu’il ne fût présent.


— Bien, dit Benjamin ; maintenant nous voilà quittes et tout est oublié, je vais à présent m’occuper en conscience de votre gorge.

Il fit l’extraction de l’arête très vite et très bien, et la remit