Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/227

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— Je le sais bien, dit froidement mon oncle, aussi vous n’avez pas de recors à payer. Tenez, voilà par exemple un objet qui vaut à lui seul toute votre créance : c’est la pierre que j’ai extraite, il y a deux ou trois ans, de la vessie de M. le Maire ; vous pourrez la faire ciseler en forme de tabatière ; quand on aura mis à l’entour un cercle d’or, et qu’on y aura ajouté quelques pierres fines, ce sera un joli cadeau à offrir à Mme Bonteint pour le jour de sa fête.

Bonteint furieux fit un pas vers la porte.

— Un instant, dit mon oncle, l’arrêtant par le pan de son habit. Comme vous êtes pressé, monsieur Bonteint ! je ne vous ai encore montré que la moindre partie de mes trésors. Tenez, voici une vieille gravure représentant Hippocrate, le père de la médecine ; je vous garantis la ressemblance ; plus trois volumes dépareillés de la Gazette médicale, qui feront vos délices pendant ces longues soirées d’hiver.

— Encore une fois, monsieur Rathery…

— Eh mon Dieu ! ne vous fâchez pas, papa Bonteint, nous voici arrivés au plus précieux de mon mobilier.

Mon oncle ouvrit alors une vieille armoire et en tira deux habits rouges qu’il jeta aux pieds de M. Bonteint et desquels il s’échappa un nuage de poussière qui fit tousser le bon négociant, avec un essaim d’araignées qui s’éparpillèrent dans la dernière chambre.

— Tenez, lui dit-il, voilà les deux derniers habits que vous m’avez vendus ! vous m’avez outrageusement trompé, monsieur Fauxteint : ils se sont fanés dans l’espace d’un matin, comme deux feuilles de roses, et ma chère sœur n’a pu seulement les utiliser pour teindre des œufs de Pâques à ses enfants. Vous mériteriez bien que je vous fisse déduction de la couleur.

— Oh ! pour le coup, s’écria Bonteint, horripilé, voilà qui est