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Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/241

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en route. M. Susurrans, qui se souvenait très bien qu’il devait apporter des poulets à sa femme, les cherchait pour les remettre au bout de sa canne ; il demanda à mon oncle s’il ne les avait point vus.

— Vos poulets, dit Benjamin, plaisantez-vous ? vous venez de les manger.

— Oui, vieux fou, ajouta Gaspard, vous les avez mangés ; ils étaient embrochés à l’épée de mon oncle, et c’est moi qui ai tourné la broche.

— Cela n’est pas vrai, s’écria M. Susurrans, car si j’avais mangé mes poulets je n’aurais plus faim, et je me sens un appétit à dévorer un loup.

— Je ne dis pas le contraire, répondit mon oncle ; mais toujours est-il que vous venez de manger vos poulets. Tenez, si vous en doutez, en voilà les deux carcasses ; vous pouvez les mettre au bout de votre canne si cela vous convient.

— Tu en as menti, Benjamin, je ne reconnais point là les carcasses de mes poulets ; c’est toi qui me les as pris, et tu vas me les rendre.

— Eh bien ! soit, dit mon oncle, envoyez-les chercher demain à la maison et je vous les rendrai.

— Tu vas me les rendre de suite, dit M. Susurrans s’élevant sur la pointe des pieds pour mettre le poing sous la gorge de mon oncle.

— Ah ! papa Susurrans, dit Benjamin, si vous plaisantez, je vous préviens que c’est pousser trop loin la plaisanterie, et…

— Non, malheureux, je ne plaisante pas, fit M. Susurrans se plaçant devant la porte, et vous ne sortirez pas d’ici, ni toi ni ton neveu, que vous ne m’ayez rendu mes poulets.