Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/250

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aussitôt que vous serez de retour à la maison, et vous lui ferez prendre, de deux en deux heures, une décoction de camomille et de fleurs de tilleul : en le soutenant, j’ai eu l’occasion de lui toucher le pouls, et je vous assure qu’il n’est pas bien du tout.

— Oh ! scélérat, oh ! coquin, oh ! révolutionnaire, tu oses dire encore à ma femme que je suis malade d’avoir trop bu, tandis que c’est toi qui es ivre ! Attends, je m’en vais de suite chez Dulciter, tu auras tout à l’heure de ses nouvelles.

— Vous devez vous apercevoir, madame, dit Page, avec le plus grand sang-froid du monde, que cet homme bat la campagne ; vous manqueriez à tous vos devoirs d’épouse si vous ne faisiez prendre à votre mari de la camomille et de la fleur de tilleul, ainsi que vient de le prescrire M. Rathery, qui est assurément le médecin le plus habile du baillage, et qui répond aux insultes de ce fou en lui sauvant la vie.

Susurrans allait recommencer ses imprécations.

— Allons, lui dit sa femme, je vois que ces messieurs ont raison ; vous êtes ivre à ne pouvoir plus parler ; suivez-moi de suite, ou je ferme la porte en rentrant, et vous irez coucher où vous voudrez.

— C’est cela, dirent ensemble Page et mon oncle, et ils riaient encore lorsqu’ils arrivèrent à la porte du Dauphin. La première personne qu’ils rencontrèrent dans la cour fut M. Minxit, qui allait monter à cheval pour retourner à Corvol.

— Parbleu, dit mon oncle, prenant la bride du cheval, vous ne partirez pas ce soir, monsieur Minxit ; vous allez souper avec nous ; nous avons perdu un convive, mais vous en valez bien trente comme lui.

— Puisque cela te fait plaisir, Benjamin… Garçon, ramenez mon cheval à l’écurie, et dites qu’on me prépare un lit.