de ses reliques. À quoi lui sert d’être non seulement la capitale,
mais l’église du monde chrétien ? Le sceptre de l’univers s’échappait
de sa main en même temps que la statue de Jupiter
tombait des hauteurs du Capitole ; sa puissance, sa gloire, ses
grands hommes, tout s’en est allé avec ses dieux, et ses mamelles
épuisées ne peuvent plus nourrir que des chanteurs et
des capucins. Rome, Rome ! voilà donc où ta catholicité t’a
réduite ! Au pied de ta croix, il ne vient plus, au lieu de lauriers
en fleurs, que du chiendent et des orties ; ta terre désolée ne
produit plus qu’un peuple idiot et décrépit, triste regain d’une
moisson de héros ! Comment se fait-il donc que la reine des
nations se soit changée en un moine immonde ? À la place de
ces marches triomphales qui resplendissaient des dépouilles de
tout l’univers, qu’as-tu mis ? des processions, traînant à leur
suite des prêtres râpés et un long amas d’hommes en guenilles.
Un suisse de cathédrale, arlequin chamarré de ridicules
oripeaux, fait maintenant résonner sa hallebarde sur les dalles
du Capitole, et meurtrit la poussière des Paul-Émile et des
Scipion ! »
De même, sans avoir assisté à aucune des misères de sa jeunesse, nous saurons mieux ses épreuves et ses patiences de chaque jour, de les lire ensemble dans ce récit, clair et net autant que la réalité :
« Moi qui vous parle, moi qui ris avec vous, j’ai passé par les épreuves les plus rudes de la vie. J’ai été écolier, maître d’études, soldat et maître d’école. Avec ces professions, j’ai toujours cumulé celles de poète. Le caporal, le chef d’institution, les enfants gâtés, les bonnes mères et l’hémistiche ont été pour moi cinq ennemis implacables qui m’ont incessamment poursuivi… Vous voyez que j’ai bien porté ma part de cette