Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/270

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ce que c’est de me braver. Quand je l’inviterai aux fêtes données par la ville, il fera chaud, et si je peux lui écorner sa clientèle…

— Fi donc ! monsieur le bailli, lui répondit sa femme, sont-ce là les sentiments d’un homme de banc d’œuvre ? Et que vous a donc fait M. Rathery ? C’est un homme si gai, si bien tourné, si aimable !

— Ce qu’il m’a fait, madame la baillive, il a osé me rappeler que votre beau-père était un gendarme, et d’ailleurs il a plus d’esprit et il est plus honnête homme que moi. Croyez-vous que ce soit peu de chose ?

Le lendemain, mon oncle ne pensait plus à la contrainte par corps obtenue contre lui ; il se dirigeait vers l’église, poudré et solennel, Mlle Minxit au côté droit et son épée au côté gauche ; il était suivi de Page, qui faisait le coquet dans son habit noisette ; d’Arthus, dont l’abdomen était enveloppé jusqu’au delà de son diamètre d’un gilet à grands ramages, entre lesquels voltigeaient de petits oiseaux ; de Millot-Rataut, qui portait une perruque couleur de brique, et dont les tibias gris de lin étaient jaspés de noir, et d’un grand nombre d’autres, dont il ne me plaît pas de livrer les noms à la postérité. Parlanta manquait seul à l’appel. Deux violons piaulaient à la tête du cortège ; Machecourt et sa femme fermaient la marche. Benjamin, toujours magnifique, semait sur son passage les dragées et les liards de l’inoculation. Gaspard, tout fier de lui servir de poche, se tenait à ses côtés, portant dans un grand sac les dragées de la cérémonie.