Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/290

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litesse qu’il ne prenait pas avec tout le monde, et que puis-je pour votre service ?

— Il faut, dit la vieille, que vous veniez à Sembert voir mon fils qui est malade.

— Sembert ! ce village qui est au sommet des Monts-le-Duc ? mais c’est à moitié chemin du ciel !… C’est égal, je passerai demain chez vous dans la soirée.

— Si vous ne venez aujourd’hui, dit la vieille, demain, c’est le prêtre avec sa croix noire qui viendra, et peut-être est-il déjà trop tard, car mon fils est atteint du charbon.

— Voilà qui est fâcheux pour votre fils et pour moi ; mais, pour arranger tout le monde, ne pourriez-vous pas vous adresser à mon confrère Arnout ?

— Je me suis adressée à lui ; mais comme il connaît notre misère et qu’il sait qu’il ne sera pas payé de ses visites, il n’a pas voulu se déranger.

— Comment ! dit mon oncle, vous n’avez pas de quoi payer votre médecin ? En ce cas, c’est autre chose, cela me regarde. Je ne vous demande que le temps d’aller vider un petit verre que j’ai laissé sur la table, et je vous suis. À propos, nous aurons besoin de quinquina : tenez, voilà un petit écu, allez chez Pétrier en acheter quelques onces ; vous lui direz que je n’ai pas eu le temps de faire l’ordonnance.

Un quart d’heure après, mon oncle se hissait côte à côte avec la vieille femme le long de ces pentes incultes et sauvages qui prennent leurs racines dans le faubourg de Bethléem et se terminent par le vaste plateau au faîte duquel le hameau de Sembert est perché.

De leur côté, les hôtes de M. Minxit partaient dans une charrette