Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/315

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— Tu te bats avec M. de Pont-Cassé, mauvais plaisant ; vous devez vous rencontrer dans trois jours à la Croix-des-Michelins, et au cas où tu me débarrasserais de M. de Pont-Cassé, l’autre mousquetaire prendra sa place ; tu vois que je suis bien informé.

— Comment, Benjamin ! s’écria Machecourt, devenu plus pâle que son assiette.

— Comment, misérable ! acheva ma grand’mère, tu te bats en duel ?

— Écoutez-moi, toi Machecourt, vous ma chère sœur, et vous aussi, monsieur Minxit ; la vérité est que je me bats avec M. de Pont-Cassé. Ma résolution est bien arrêtée ; ainsi, épargnez-vous des représentations qui m’ennuieraient sans me faire renoncer à mon dessein.

— Je ne viens pas, répondit M. Minxit, mettre des obstacles à ton duel ; je viens, au contraire, t’apporter un moyen d’en sortir victorieusement, et, de plus, de rendre ton nom célèbre par toute la contrée. Le sergent sait un coup superbe avec lequel il désarmerait dans une heure toute la corporation des maîtres d’armes. Aussitôt qu’il aura bu un verre de vin blanc, il te donnera ta première leçon ; je le laisse avec toi jusqu’à vendredi, et moi-même je resterai ici à te surveiller de peur que tu ne perdes ton temps dans les auberges.

— Mais, dit mon oncle, je n’ai que faire de votre coup, et d’ailleurs, si votre coup est infaillible, quelle gloire aurais-je de triompher par ce moyen de notre vicomte ? Homère, en rendant Achille invulnérable, lui a ôté tout le mérite de sa vaillance. J’ai réfléchi : mon intention n’est plus de me battre à l’épée.

— Quoi, tu voudrais te battre au pistolet, imbécile !… Si c’était avec M. Arthus, qui est large comme une armoire, à la bonne heure !