en avait fait deux idiomes, l’un pour le peuple, l’autre poulies gens comme il faut. Aussi était-elle d’un ennui mortel. La Henriade, lue d’un bout à l’autre, pourrait faire tomber un homme en catalepsie, mais au moins elle savait ce qu’elle disait ; et vous, si vous bâillez, vous avez la satisfaction de savoir pour quelle cause… Mais, aujourd’hui, que de pièces qui ne sont qu’un amphigouri sonore, qu’un galimatias retentissant !… »
Pour conclure, Claude Tillier, du reste, il faut l’avouer ici, fut trop raisonnable et trop roturier dans ses vers. Heureusement, il en a peu publié. Mais le peuple, du moins, peut se vanter, n’est-ce pas, d’avoir un prosateur à opposer fièrement à tous les écrivains nobles et bourgeois. Il en devait être ainsi. Le tour du peuple devait venir ; il est à la fin venu, comme dit Mahomet. En effet, si l’on suit le mouvement de l’esprit humain en France, sinon ailleurs, on voit la pensée, ce feu sacré, long-temps gardée d’abord comme un monopole dans le giron de l’église, par les soins des Grégoire de Tours et des autres religieux, passer ensuite de l’église à la noblesse, et devenir laïque de cléricale, avec les troubadours et les autres gentils auteurs, tels que Commines et Montaigne ; puis descendre de la noblesse à la bourgeoisie, aux lettrés de la classe moyenne, aux fils d’avocats, de conseillers et de procureurs, comme Corneille, Boileau et Voltaire ; et arriver enfin, des écrivains poudrés du tiers-état, au crâne épais de la