Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/91

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de vin blanc. Tous ces enfants étaient utilisés par ma grand-mère selon leur âge et leurs forces. L’aîné, qui était mon père, s’appelait Gaspard ; il lavait la vaisselle et allait à la boucherie : il n’y avait pas de caniche dans la ville mieux apprivoisé que lui ; le cadet balayait la chambre ; le troisième tenait le quatrième sur ses bras et le cinquième se roulait dans son berceau. Pendant ce temps-là, ma grand’mère était à l’église, ou causait chez la voisine. Au demeurant, tout allait bien ; on arrivait cahin-caha, sans faire de dettes, jusqu’au bout de l’année. Les garçons étaient forts, les filles n’étaient pas mal, et le père et la mère étaient heureux.

Mon oncle Benjamin était domicilié chez sa sœur, il avait cinq pieds dix pouces, portait une grande épée au côté, avait un habit de ratine écarlate, une culotte de même couleur et de même étoffe, des bas de soie gris de perle, et des souliers à boucles d’argent ; sur son habit, frétillait une grande queue noire presque aussi longue que son épée, qui, allant et venant sans cesse, l’avait badi-