Page:Œuvres de C. Tillier - II.djvu/243

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Bientôt Cornélius parut au milieu du clos ; il était pâle, car il n’avait pas dormi de la nuit, mais son œil était rayonnant, et sa démarche était pleine d’une noble fierté. Rien ne rehausse un homme à ses yeux comme une multitude qui le contemple.

La dernière pensée de Cornélius fut pour Louise. Il appela la mère Simone, et lui remit un petit porte-crayon d’argent, la seule chose qu’il possédât capable d’être offerte à une femme.

— S’il m’arrive malheur, lui dit-il, vous donnerez cela à Louise ; si je redescends sain et sauf, vous ne lui parlerez de rien.

Puis il monta dans sa nacelle.

Comme le ballon commençait à s’élever, l’ami Dragon, qui était resté à côté comme s’il eût voulu le garder jusqu’au dernier moment, s’élança après la nacelle, dans l’intention, sans doute, de retenir Cornélius. Cet acte d’attachement du chien fut regardé par la foule comme un mauvais présage.

Cependant, le ballon, après s’être balancé quelque temps, s’éleva majestueusement dans les airs, aux acclamations de la foule, et ses roues tournant avec rapidité comme celles d’un bateau à vapeur, le poussaient, contrairement au courant d’air, dans la direction de Clamecy.

En ce moment une vive lumière brilla sur le plateau qui domine le village. Un coup de fusil se fit entendre, et aussitôt on vit voltiger en l’air les lambeaux d’une des roues du ballon, qui vinrent s’abattre sur la place. En même temps un vent impétueux s’éleva, et le ballon emporté dans les airs disparut bientôt aux yeux de la foule derrière les montagnes de Chevroches. On attendit Cornélius