Page:Œuvres de C. Tillier - II.djvu/242

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— Cela ne se peut, Louise ; mon ballon n’est pas encore dressé, et d’ailleurs je n’ai pas assez d’hydrogène pour qu’il puisse nous enlever tous les deux.

— Vous me trompez, Cornélius ; vous prévoyez quelque danger auquel vous ne voulez pas m’exposer. Vous savez bien, pourtant, que ma vie et la vôtre ne sont qu’une.

— Ne nous attendrissons pas, Louise, dit Cornélius ; il faut que j’aie du courage.

— Il m’en faut plus qu’à vous, dit Louise ; mais, puisque vous le voulez, n’en parlons plus.

En passant devant le presbytère, ils virent de la lumière dans la chambre du curé. Il était occupé à examiner un fusil.

— Tiens ! dit Cornélius, est-ce qu’il voudrait aller à la chasse, par hasard ?

Et ils continuèrent leur chemin.

Louise reconduisit Cornélius jusqu’à la porte de la mère Simone. Là il lui dit adieu, car il ne voulait pas la revoir le lendemain, et il sentit sur ses joues, en l’embrassant, comme une saveur de larmes. Il rentra brusquement, et s’enferma dans sa chambre.

Le lendemain, en se levant, Cornélius, examina l’état du ciel. Le temps était orageux ; il avait plu toute la nuit, et des nuages épais couraient rapidement dans l’atmosphère. Cependant Cornélius ne voulut point remettre son ascension, et il employa toute la matinée à appareiller son ballon. À deux heures, le clos de la mère Simone était environné d’une foule immense de curieux de toutes les conditions ; car la nouvelle de l’expérience que devait tenter Cornélius avait attiré à Armes une affluence inusitée.