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À M. DUFÊTRE.

conseil n’eût pas mieux fait : ce vote ne peut manquer d’attirer sur ses auteurs les bénédictions du ciel, et il faudrait qu’ils tuassent père et mère pour n’aller pas tout droit en paradis.

Quelques contribuables impies se plaindront sans doute qu’on ait dépensé leurs centimes additionnels en frais de culte ; mais on ne peut faire au gré de tout le monde, et il vaut mieux remplir ses devoirs envers Dieu qu’envers les hommes. Le conseil général a sans doute avisé, dans les commandements de Dieu ou de l’Église, un commandement que nous n’y avons pas aperçu, et qui doit être conçu à peu près en ces termes :

Deux fois mille francs tu paieras
À ton Évêque tous les ans,
Afin qu’en ses petits états
Il voyage commodément.

Pourtant, ce qui m’humilie pour vous, c’est que vos pieux deux mille francs n’aient obtenu qu’une voix de majorité dans le conseil. Vous, monseigneur, un envoyé de Dieu, vous qui entriez si triomphalement, il y a quatre mois, sur le pont de Loire, vous ballotter comme un pont, vous discuter comme un aqueduc ! Voyez un peu ce que c’est que la gloire qui vient trop vite : quand elle est arrivée à grands pas, elle prend des ailes pour s’en retourner.

Mais, si le conseil général avait de bonnes raisons pour vous accorder votre indemnité, il me semble que vous en auriez eu de meilleures encore, si vous aviez voulu les faire valoir, pour refuser ce cadeau. D’abord, il ne faut point vous appuyer de l’exemple de M. Naudot, votre prédécesseur. M. Naudot, lui, ne faisait que de simples tournées ; tous ceux qui allaient au-devant de lui y étaient venus de bonne volonté ; il n’entrait pas au son du clairon et des tambours dans les paroisses, comme entre un général dans