Page:Œuvres de C. Tillier - IV.djvu/18

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abondante que promettent les prospectus de collège. Jamais la disette n’a montré ses longs crocs à la porte de votre réfectoire. A la vérité, vous n’êtes pas frais ; je trouve même que vous tirez un peu sur le jaune : mais vous vous portez bien, et voilà l’essentiel. Moi, à la condition de me bien porter, je me ferais séminariste. Je ne vois pas que votre titre d’établissement diocésain nous oblige envers vous à quelque chose. Pourquoi vous donnerions-nous notre argent plutôt qu’à l’école des arts et métiers de Chalons, qu’à l’école de cavalerie de Saumur, qu’à l’école forestière de Nancy, qu’à l’école des mines de Saint-Etienne, qu’à l’école des chartes de Paris, qu’à cent autres écoles enfin qui ont aussi leurs besoins ? Je sais que vous êtes fort utiles à la société, qui, sans vous, se passerait d’eau bénite ; mais les hommes que produisent ces écoles n’ont-ils pas aussi leur utilité ? Et si un bon chanoine vaut un bon déchiffreur de chartes, un bon déchiffreur de chartes ne vaut-il pas un bon chanoine ? Du reste, mes révérends, je ne vois pas que vous soyez si mal dans vos affaires : il faudrait que vous eussiez des vices que nous ne connaissons pas ; que vous fussiez des bombanciers, des coureurs de nuit ; que vous missiez de trop bon vin dans vos burettes.

Vous d’abord, petit séminaire de Corbigny, vous êtes en position de gagner de l’argent ; vous êtes un maître de pension bien achalandé : de tous les points du département les curés vous envoient une sainte marmaille. Si vous ne placez votre argent à intérêt, vous devez être à même de venir en aide à votre grand frère ; et vous, grand séminaire, vous devez n’avoir besoin des secours de personne : vous êtes, comme les collèges royaux, entretenu par le gouvernement, et même il vous fait des bourses. Que vous ne trouviez pas le gouvernement assez généreux envers vous, cela se conçoit ; mais le gouvernement a sans doute de bonnes raisons pour ne pas l’être davantage. A quoi bon, en effet, faire tant de prêtres ? Que ! autel n’a maintenant son ministre, et quelle paroisse