Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/148

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dans les fers d'une jeune beauté, je suis attaché à sa porte par une chaîne plus dure que celle de l'esclave qui la garde. Oui, la gloire a pour moi peu d'attraits, ma Délie : pourvu que je sois près de toi, que m'importe d'être accusé de lâcheté et de mollesse.

Puisse mes regards te rencontrer, quand sera venue ma dernière heure ! Puissé-je en mourant te presser d'une main défaillante ! Tu pleureras, Délie, quand je serai placé sur le bûcher, près de s'allumer : aux larmes de la douleur se mêleront tes baisers. Tu pleureras : tes entrailles ne sont point scellées avec l'acier, ton tendre coeur ne recèle point un dur caillou. Il n'y aura ni jeune garçon, ni jeune fille assez insensible pour revenir de ces funérailles les yeux secs. Mais toi, crains d'affliger mes mânes : épargne ta chevelure flottante, épargne tes joues délicates, ô ma Délie. Cependant, tandis que le destin le permet, que l'amour unisse nos coeurs ; bientôt viendra la mort, la tête couverte d'un sombre voile ; bientôt se glissera la vieillesse paresseuse : l'amour et les doux propos ne nous siéront plus, quand nos têtes auront blanchi. C'est maintenant qu'il faut servir la folâtre Vénus, tandis qu'il n'y a pas de honte à briser des portes, et que les querelles ont des charmes. Là je suis aussi bon général que bon soldat. Pour vous, loin d'ici, enseignes et clairons, portez les blessures aux