Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/149

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avides guerriers, portez-leur aussi la richesse : quant à moi, exempt de crainte dans ma modeste aisance, je rirai de l'opulence, je rirai du besoin.


ÉLÉGIE II

Verse encore, je veux noyer dans le vin des douleurs nouvelles pour moi ; que mes paupières fatiguées cèdent enfin au sommeil, et quand Bacchus aura largement arrosé ma tête, que nul ne me réveille durant le repos de mon amour infortuné. Un cruel gardien veille sur la beauté que j'adore, un dur verrou ferme sa porte.

Porte inexorable, sois battue des pluies ! que Jupiter te brise de sa foudre ! ou plutôt sois touchée de mes plaintes, des miennes seules, ouvre-toi furtivement sans faire de bruit en tournant sur tes gonds. Et si j'ai formé contre toi quelque souhait impie, pardonne à mon délire : que mes imprécations retombent sur ma tête. Souviens-toi plutôt des prières sans nombre que je t'adressai d'une voix suppliante en ornant tes soutiens de guirlandes de fleurs.

Et toi, Délie, trompe hardiment tes gardiens. Il faut de l'audace. Le courage a pour protectrice Vénus elle-même. C'est elle qui favorise le jeune amant qui tente une porte nouvelle, ou la jeune fille qui la lui ouvre. C'est elle qui apprend à descendre