Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/160

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Quelles que soient les fantaisies de l'objet que tu aimes, aie soin de t'y prêter. La complaisance, plus d'une fois, donne la victoire à l'amour. Ne refuse point de l'accompagner malgré la longueur de la route, malgré les feux de la Canicule, qui brûle la terre altérée, malgré l'arc, qui, teignant les cieux de sombres couleurs, aspire la pluie future. Veut-il traverser l'onde azurée, pousse, la rame en main, pousse la barque légère à travers les flots. N'hésite point à endurer les fatigues, à flétrir tes mains par un travail dont elles n'ont point l'habitude. Veut-il fermer par une embuscade les gorges des montagnes, si tu désires lui plaire, que tes épaules ne se refusent point à porter les filets. Veut-il s'exercer à l'escrime, étudie-toi à badiner d'une main légère ; souvent, pour lui ménager la victoire, laisse ton flanc à découvert. Alors tu le trouveras moins rebelle ; alors tu pourras essayer de lui ravir un doux baiser, il le disputera, mais il le laissera prendre. Ces baisers ravis d'abord, il les accordera bientôt à tes prières, et tu ne tarderas pas à le voir s'enlacer de lui-même à ton cou.

Mais, hélas ! quels honteux artifices que ceux de ce siècle misérable ! déjà les jeunes garçons ont pris l'habitude d'exiger des présents. Ô toi, qui le premier appris à vendre l'amour, qui que tu sois, puisse la pierre vengeresse peser à ta cendre ! Enfants, aimez les Muses