Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/177

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on peut bien d'abord cacher ses parjures ; mais, plus tard, la peine arrive sans bruit. Grâce pour lui, grands dieux : il est juste que vous pardonniez à la beauté une première offense contre vos lois. C'est dans l'espoir du gain que le laboureur attèle ses taureaux au joug, et presse avec ardeur les pénibles travaux des champs. C'est encore dans la vue du gain qu'à travers les mers, où les vents règnent en maîtres, le nautonier dirige sa barque vagabonde sur des astres immobiles. Les présents ont également séduit celui que j'aime ; mais puisse un dieu les réduire en cendres et en eau. Je ne tarderai point à le voir puni : la poussière, le vent qui hérissera sa chevelure terniront sa beauté. Son visage, ses cheveux seront brûlés par le soleil ; une longue route meurtrira ses pieds délicats. Combien de fois ne lui ai-je pas dit : Ne fais point de ta beauté un trafic qui la souille ; l'or cache souvent bien des maux ! Celui qui se laisse prendre à ce piège, et viole ses serments d'amour, allume contre lui la colère de Vénus. Imprime plutôt sur mon front la trace du feu, mutile mes membres avec le fer, déchire mon dos à coups de fouet ; mais n'espère pas me cacher tes infidélités : il est un dieu qui arrache à la ruse le voile dont elle se couvre. Ce dieu lui-même a permis qu'en présence d'un esclave discret le ministre