Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/176

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la dérobée, et ouvrir une porte sans me faire entendre. Mais, hélas ! à quoi me servent les ruses, si mon amour est dédaigné, si la cruelle beauté que j'adore fuit de son lit ? Quelquefois elle me promet ; mais soudain la perfide me trompe, et je suis condamné à passer la nuit dans les tourments de l'inquiétude. À chaque instant je me flatte de l'espoir de la voir arriver : au moindre mouvement, je crois entendre le bruit de ses pas.

Enfant, renonce aux larmes : elle est insensible, et déjà les pleurs ont gonflé tes yeux fatigués. La colère des dieux, je t'en préviens, Pholoé, poursuit les superbes : il est inutile alors de faire brûler l'encens sur leurs autels. Marathus se jouait autrefois lui-même des malheureux amants ; il ignorait qu'un dieu vengeur le poursuivait le bras levé sur sa tête. Souvent même, dit-on, il riait des larmes de la douleur, et entretenait les désirs par de vains prétextes de retard. Maintenant il déteste l'orgueil ; maintenant il maudit les verrous d'une porte inflexible ; et toi aussi, le châtiment t'attend, si tu ne mets un terme à tes dédains. Que de fois tu regretteras de ne pouvoir, par tes voeux, rappeler le jour que tu perds !


ÉLÉGIE IX

Pourquoi, si tu voulais m'être infidèle, avoir pris les dieux à témoin de serments que tu devais violer en secret ? Ah ! malheureux,