Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/151

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LETTRE À DAMON1.

Ne verrai-je jamais Ninon
Sans aller décliner mon nom ?
De grâce, introduis-moi chez elle :
Je brûle de voir cette belle.
Si c’est mon mal, si c’est mon bien,
Je veux mourir si j’en sais rien.
Hélas ! je désire peut-être
Une faveur dont il peut naître,
Pour peu que j’eusse de malheur,
Du chagrin et de la douleur.
Peut-être que, pour ma souffrance,
Parmi les soupirs d’importance
De tant de ducs et de marquis
Que des yeux si beaux ont conquis,
Mes soupirs chez cette cruelle
Seront traités de bagatelle ;
Mais aussi peut-être que non,
Car, comme on parle de Ninon,


1. Saint-Marc est encore obligé de reconnoître ici que de cette pièce et des six pièces qui suivent, toutes relatives à Ninon, la ballade seule est certainement de Chapelle, quoique quelques unes lui soient attribuées par la tradition et que les autres soient très vraisemblablement de lui.