Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/152

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Elle est ou contraire ou propice,
Selon qu’il plaît à son caprice,
Et son caprice, ce dit-on,
Vaut souvent mieux que la raison.
Cependant, quoi qu’il en puisse être,
Cher Damon, je la veux connoître,
Et rendre hommage à mes vainqueurs,
Ces vainqueurs de tant d’autres cœurs ;
Je veux voir ces yeux qu’on adore
Du soleil couchant à l’aurore.
Je verrai briller leurs clartés
Et toutes ses autres beautés,
Sa belle humeur, son grand génie.
J’entendrai la belle harmonie
De son luth, de qui les douceurs
Passent le concert des Neuf Sœurs.
Ainsi mes yeux et mes oreilles
Seront charmés de ses merveilles ;
Et peut-être avec tout cela
Je n’en demeurerai pas là.
Qui charme deux des sens ensemble,
En peut émouvoir trois, ce semble,
Et, si le caprice est pour moi,
Me voilà plus heureux qu’un roi.
Ami, courons à ces délices ;
Allons offrir, sous tes auspices,
Et mon cœur et ma liberté
À cette immortelle beauté.
Ne trompe point mon espérance.
Je meurs déjà d’impatience,
Et, si je ne la vois mardi,

Tu me verras mort mercredi.