Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/25

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francs. Quoi qu’il en soit, la plus faible de ces deux sommes étoit très suffisante, dans ce temps-là, pour assurer à Chapelle une existence à la fois douce et convenable. Ce fut alors qu’il prit dans le monde littéraire et dans la société proprement dite la place qu’il y occupa toujours depuis.

Dans les premiers temps de cette indépendance tant désirée par Chapelle et enfin conquise, l’on put craindre qu’il ne se livrât plus que jamais aux mauvaises relations de sa première jeunesse ; mais, il faut le dire à son très grand honneur, c’est précisément de cette époque d’une entière liberté que date sa fréquentation de sociétés toutes différentes de celles qu’il avoit suivies jusque là. Sans doute il y portoit des avantages très propres à le faire rechercher de tous : une grande culture d’esprit, cet enjoûment naturel toujours parfaitement sûr de plaire, un goût prononcé pour les choses de l’imagination, enfin cette facilité à manier la langue du monde qui sert si puissamment à faire valoir tous les autres dons. Mais comme, d’après ses antécédents, Chapelle fut nécessairement obligé de faire partout les premières avances, et comme jamais aucune de ses démarches ne fut dictée par des vues d’ambition, ce choix indique, de sa part, de bien plus heureuses tendances qu’il n’avoit