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RÉPONSE DE LA LEVRETTE DES COMTESSES AU LEVRON.

Après avoir lu tant d’aimables vers qui me venoient de votre part et la déclaration d’amour que vous me faites à cause que je suis spirituelle, j’ai avoué aussitôt que ce n’était pas sans rime ni sans raison que vous m’écriviez. J’ai fait de mon côté que ce ne sera pas aussi sans profit, et la meilleure preuve que je puisse vous en donner, c’est que depuis ce temps-là mon cœur n’a point eu de mouvements qui n’aient été pour vous. Tant que je serai sans vous posséder, votre billet doux fera mes plus chères délices. En vérité, il y a bien de l’apparence : car à toute heure je le tiens entre mes pattes, et il n’y a point de ligne que je n’aie baisée plus de cent fois. Ce qui m’y touche le plus, c’est que vous dites que vous valez le roi d’Éthiopie, et, tout de bon, cette qualité m’empêchera d’avoir jamais de la glace ni du rocher pour vous :

Car, entre nous autres levrettes,
Les âmes ne se gagnent pas