Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/264

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Avecque de douces fleurettes.
Il faut bien de plus forts appas
Pour franchir, en nos amourettes,

Ce que l’on appelle le pas.

Ma joie, néanmoins, a été mêlée de quelque chagrin quand vous m’avez reproché, en passant, que je n’étois pas extrêmement belle ; mais si vous pouvez vous résoudre à ne me venir voir qu’après le soleil couché, je vous prouverai bien que tous chiens, aussi bien que tous chats, de nuit sont gris. Ce n’est pas que cela me feroit bien du tort ; car vous ne verriez pas que j’ai les yeux fort éveillés, que je suis plus blanche que de la neige, et que l’isabelle n’a jamais été plus isabelle que sur moi . À la vérité je n’ai pas la tête fort mignonne, et je ne suis pas des mieux coiffées de ce monde, si ce n’est que je veuille dire que je la suis de vous ; mais, en récompense de ces petits malheurs,

Je me sens consumer d’amour
Pour le fils du galant Gricour ;
Et je cède le nom de belle,
Pour prendre celui de fidèle.

Jusqu’ici j’ai répondu à la meilleure partie de votre billet ; il ne me reste plus qu’à vous satisfaire touchant mes filles. Je vous dirai franchement qu’elles ne sont pas encore en âge d’être mariées, et qu’outre cela une mère amoureuse ne songe pas à pourvoir ses filles. Je sais bien que, selon vous, avec le talent du roi d’Éthiopie,

On pourrait plaire à plus de trois ;