Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/271

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L’air enfantin, la tresse blonde,
Changeant d’armes et de flambeau,
Ils trompoient si bien tout le monde
Par un spectacle si nouveau,
Que cent fois dans cette journée
On prit l’Amour pour l’Hyménèe,
Et cent fois dans ce même jour

On crut qu’Hymen étoit l’Amour.

Le vieux roi père d’Elyzène,
Ravi de voir sa fille reine,
Et que ces dieux si bien unis
La combloient de biens infinis,
Songeant à sa dernière fille
Psyché, l’honneur de sa famille,
Le soir, quand on fut au festin,
Les prit toutes deux par la main,
Et fit entre eux asseoir la belle,
Croyant, par ce présage heureux,
Les obliger d’être pour elle
Encore mieux unis tous deux.

Psyché brilloit de mille charmes ;
Tous les cœurs lui rendoient les armes,
Et, la voyant en ce moment,
Chacun devenoit son amant.
Amour, sujet au badinage,
Folâtroit, parloit, la baisoit.
Hymen, plus discret et plus sage,
La regardoit et se taisoit.

Leur flamme commençoit à peine