Le doux plaisir d’être seul maître
Et de régner seul dans les cœurs,
Et, flatté de tant de puissance,
Il ne goûta plus de douceurs
Que celle de l’indépendance.
Hymen, d’abord, dans son courroux,
Crut se rendre bien redoutable
Donnant de sa main un époux
Pour rendre un amant misérable ;
Mais, quand il vit ses plus beaux jours
Marqués de soupirs et de larmes,
Et que l’Amour venoit toujours
Y mêler de tristes alarmes,
Il connut que les plus doux nœuds,
Lorsque l’Amour ailleurs engage,
N’avoient au plus que l’avantage
De faire bien des malheureux.
N’osant leur montrer sa foiblesse,
Afin d’avoir toujours la presse
À ses tristes solennités,
Il fit inventer par adresse
Ces folles inégalités
De rang, d’éclat et de richesse,
Et mit encore à ses côtés
La Raison, l’Honneur, la Sagesse.
Mais l’Amour, malgré tant d’appui,
Fut seul encor plus fort que lui.
Il rit de leurs folles intrigues,
Dédaignant l’Hymen et ses brigues,
Et, loin d’en être plus soumis,