Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il se flatte de plus de gloire
À remporter seul la victoire

Sur tant de puissants ennemis.

Voilà la source infortunée
D’où naquit la division
Qui rompit la belle union
De l’Amour et de l’Hyménée.
Le temps n’a fait que l’augmenter.
Tous deux, appliqués à se nuire
Et travaillant à se détruire,
Se plaisent à se tourmenter.
On ne les voit jamais ensemble.
Les époux que l’Hymen assemble
Sont à peine unis un seul jour,
Amour les quitte et les sépare ;
Et l’Hyménée, aussi barbare,
Sitôt qu’il peut avoir son tour,
Sépare ce qu’unit l’Amour.
Que d’ennuis, de maux et de plaintes,
Que de tourments et de contraintes
Leur querelle nous coûte à tous,
Et que ces dieux, par leurs caprices,
Causent de rigoureux supplices
Aux amants ainsi qu’aux époux !

Mais l’Hymen, quoi qu’il puisse faire,
Est toujours le plus malheureux ;
Tout le monde maudit ses nœuds,
Parceque Amour leur est contraire.
Sans ce Dieu, les plus doux moments
Sont pleins de troubles et d’alarmes,