Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le premier rétablit avec justice l’ordre des noms, que l’ascendant littéraire de Chapelle a fini par rendre définitif. Ne donnons donc pas à Bachaumont, sur le seul dire de Voltaire, ce que les premiers, les véritables juges, ne lui ont pas donné. C’est précisément lorsque, protégé par un grand nom, l’on se croit dispensé de tout examen, qu’on est le plus exposé à faire de grandes injustices, ou, du moins, à propager de grandes erreurs.

Au reste, ceux qui veulent absolument que Bachaumont ait laissé une création quelconque trouveront suffisamment de quoi se satisfaire dans le fait suivant. C’est lui qui créa le nom de la Fronde (la faction), mot qui, dans ce sens particulier, appartient maintenant au Dictionnaire de l’Académie avec tous ses dérivés. Un jour, au sein d’une réunion de frondeurs, lesquels ne s’appelaient pas encore ainsi, Bachaumont dit que le Parlement faisoit comme ces écoliers qui, se livrant à l’exercice de la fronde dans les fossés de Paris, se séparoient dès qu’ils apercevoient le lieutenant de police, et se réunissoient de nouveau lorsqu’ils ne le voyoient plus. La comparaison réussit, et ce fut alors que les ennemis du ministre, ayant pris comme signe d’opposition des cordons de chapeau en forme de fronde, furent appelés frondeurs ; le mot est resté.