Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/51

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l’honneur de voir assez souvent, et dont l’entretien est tout à fait agréable. Ceux qui le connoissent vous auront pu dire que c’est un des plus honnêtes hommes de France, et vous en serez entièrement persuadés quand nous vous apprendrons qu’il a

L’esprit et l’âme d’un Delbéne,
C’est-à-dire, avec la bonté,
La douceur et l’honnêteté,
Cette vertu mâle et romaine
Qu’on respecte en l’antiquité.

Nos soirées se passoient le plus souvent sur les bords de la Loire, et quelquefois nos après-dinées, quand la chaleur étoit plus grande, dans les routes de la forêt qui s’étend du côté de Paris. Un jour, pendant la canicule, à l’heure que le chaud est le plus insupportable, nous fûmes bien surpris d’y voir arriver une manière de courrier assez extraordinaire,

Qui, sur une mazette outrée
Bronchant à tout moment, trottait.
D’ours sa casaque étoit fourrée,
Comme le bonnet qu’il portait ;
Et le cavalier rare étoit
Tout couvert de toile cirée,
Qui, par le soleil retirée
Et fondant, partout dégouttoit.

Ainsi l’on peint dans des tableaux
Un Icare tombant des nues,
Où l’on voit dans l’air répandues
Ses ailes de cire en lambeaux,