Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/52

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Par l’ardeur du soleil fondues,

Choir autour de lui dans les eaux.

La comparaison d’un homme qui tombe des nues avec un qui court la poste vous paroîtra peut-être bien hardie ; mais si vous aviez vu le tableau d’un Icare, que nous trouvâmes quelques jours après dans une hôtellerie, cette vision vous seroit venue comme à nous, ou tout au moins vous sembleroit excusable. Enfin, de quelque façon que vous la receviez, elle ne sauroit paroître plus bizarre que le fut à nos yeux la figure de ce cavalier, qui étoit par hasard notre ami d’Aubeville. Quoique notre joie fût extrême dans ce rencontre, nous n’osâmes pourtant pas nous hasarder de l’embrasser en l’état qu’il étoit. Mais, sitôt

Qu’au logis il fut retiré,
Débotté, frotté, déciré,
Et qu’il nous parut délassé,
Il fut comme il faut embrassé.

Nous écrivîmes en ce temps-là comme, après avoir attendu l’homme que vous savez inutilement, nous résolûmes enfin de partir sans lui. Il fallut avoir recours à Blavet pour notre voiture, n’en pouvant trouver de commodes à Orléans. Le jour qu’il nous devoit arriver un carrosse de Paris, nous reçûmes une lettre, au matin, de M. Boyer, par laquelle il nous assuroit qu’il viendroit dedans et que ce soir-là nous souperions ensemble. Après donc avoir donné les ordres nécessaires pour le recevoir, nous allâmes au devant de lui. À cent pas des portes parut, le long du grand chemin, une ma-