Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/63

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Là tous deux ils nous furent pris ;
Mais, n’en déplaise à tant de belles,
Ce fut par l’aimable d’Ortis.

Aussi nous traita-t-il mieux qu’elles.

Cela ne se fit assurément que sous leur bon plaisir. Elles ne lui envièrent point cette conquête, et, nous jugeant apparemment très infirmes, elles ne daignèrent pas employer le moindre de leurs charmes pour nous retenir. Aussi, le lendemain de grand matin, trouvâmes-nous les portes ouvertes et les chemins libres ; de sorte que rien ne nous empêcha de gagner Encausse sur les coureurs que M. de Chemeraut nous avoit promis, et qui nous attendoient depuis un mois à Agen. C’est de ce véritable ami qu’on peut assurer

Et dire, sans qu’on le cajole,
Qu’il sait bien tenir sa parole.

Encausse est un lieu dont nous ne vous entretiendrons guère, car, excepté ses eaux, qui sont admirables pour l’estomac, rien d’agréable ne s’y rencontre. Il est au pied des Pyrénées, éloigné de tout commerce, et l’on n’y peut avoir autre divertissement que celui de voir revenir sa santé. Un petit ruisseau, qui serpente à vingt pas du village, entre des saules et des prés les plus verts qu’on puisse s’imaginer, étoit toute notre consolation. Nous allions tous les matins prendre nos eaux en ce bel endroit, et les après-dînées nous y promener. Un jour que nous étions sur les bords, assis sur l’herbe, et que, nous ressouvenant des hautes marées de la Garonne, dont nous avions