Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/32

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attachée à son être, sans qu’il lui fût possible de l’en séparer. Il peut donc concevoir distinctement que sa pensée existe, sans que rien n’existe autour de lui. L’âme se conçoit donc sans le corps. De là naît la distinction de l’être pensant et de l’être matériel. Pour juger de la nature des deux substances, Descartes cherche une propriété générale dont toutes les autres dépendent : c’est l’étendue dans la matière ; dans l’âme, c’est la pensée. De l’étendue naissent la figure et le mouvement ; de la pensée naît la faculté de sentir, de vouloir, d’imaginer. L’étendue est divisible de sa nature ; la pensée, simple et indivisible. Comment ce qui est simple appartiendroit-il à un être composé de parties ? comment des milliers d’éléments, qui forment un corps, pourroient-ils former une perception ou un jugement unique ? Cependant il existe une chaîne secrète entre l’âme et le corps. L’âme n’est-elle que semblable au pilote qui dirige le vaisseau ? Non ; elle fait un tout avec le vaisseau qu’elle gouverne. C’est donc de l’étroite correspondance qui est entre les mouvements de l’un et les sensations ou pensées de l’autre, que dépend la liaison de ces deux principes si divisés et si unis (15). C’est ainsi que Descartes tourne autour de son être, et examine tout ce qui le compose. Nourri d’idées intellectuelles, et détaché de ses sens, c’est son âme qui le frappe le plus. Voici une pensée faite pour éton-