Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/373

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que l’une ou l’autre partie de ce composé soit, si on ne suppose que tout ce composé est actuellement ; car alors il enfermera et contiendra en soi toutes ses perfections essentielles, et partant aussi l’existence actuelle. De même, encore que je connoisse clairement et distinctement l’être souverain, et encore que l’être souverainement parfait dans son concept essentiel enferme l’existence, néanmoins il ne s’ensuit pas que cette existence soit actuellement quelque chose, si vous ne supposez que cet être souverain existe ; car alors, avec toutes ses autres perfections, il enfermera aussi actuellement celle de l’existence ; et ainsi il faut prouver d’ailleurs que cet être souverainement parfait existe.

J’en dirai peu touchant l’essence de l’âme et sa distinction réelle d’avec le corps ; car je confesse que ce grand esprit m’a déjà tellement fatigué qu’au-delà je ne puis quasi plus rien. S’il y a une distinction entre l’âme et le corps, il semble la prouver de ce que ces deux choses peuvent être conçues distinctement et séparément l’une de l’autre. Et sur cela je mets ce savant homme aux prises avec Scot, qui dit qu’afin qu’une chose soit conçue distinctement et séparément d’une autre, il suffit qu’il y ait entre elles une distinction, qu’il appelle formelle et objective, laquelle il met entre la distinction réelle et celle de raison ; et c’est ainsi