Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

soit pas besoin de la prouver, c’est-à-dire si elle est claire et manifeste à un chacun, ce qu’il nie, et moi avec lui. Or l’argument qu’il s’objecte à soi-même se peut ainsi proposer. Lorsqu’on comprend et entend ce que signifie ce nom Dieu, on entend une chose telle que rien de plus grand ne peut être conçu ; mais c’est une chose plus grande d’être en effet et dans l’entendement, que d’être seulement dans l’entendement : donc, lorsqu’on comprend et entend ce que signifie ce nom Dieu, on entend que Dieu est en effet et dans l’entendement. Où il y a une faute manifeste en la forme ; car on devoit seulement conclure : donc, lorsqu’on comprend et entend ce que signifie ce nom Dieu on entend qu’il signifie une chose qui est en effet, et dans l’entendement ; or ce qui est signifié par un mot, ne paroît pas pour cela être vrai. Mais mon argument a été tel : Ce que nous concevons clairement et distinctement appartenir à la nature ou à l’essence ou à la forme immuable et vraie de quelque chose, cela peut être dit ou affirmé avec vérité de cette chose ; mais après que nous avons assez soigneusement recherché ce que c’est que Dieu ; nous concevons clairement et distinctement qu’il appartient à sa vraie et immuable nature qu’il existe ; donc alors nous pouvons affirmer avec vérité qu’il existe : ou du moins la conclusion est légitime. Mais la majeure ne se peut aussi nier, parcequ’on