Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/423

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pour former l’idée de Dieu, » vous ne dites rien de contraire à mon opinion ; car j’ai dit moi-même en termes exprès, à la fin de la troisième Méditation, « que cette idée est née avec moi, et qu’elle ne me vient point d’ailleurs que de moi-même. J’avoue aussi que nous la pourrions former encore que nous ne sussions pas qu’il y a un souverain être, mais non pas si en effet il n’y en avoit point ; car au contraire j’ai averti que toute la force de mon argument consiste en ce qu’il ne se pourroit faire que la faculté de former cette idée fût en moi, si je n’avois été créé de Dieu. »

Et ce que vous dites des mouches, des plantes, etc., ne prouve en aucune façon que quelque degré de perfection peut être dans un effet qui n’ait point été auparavant dans sa cause. Car, ou il est certain qu’il n’y a point de perfection dans les animaux qui n’ont point de raison qui ne se rencontre aussi dans les corps inanimés, ou, s’il y en a quelqu’une, qu’elle leur vient d’ailleurs ; et que le soleil, la pluie et la terre ne sont point les causes totales de ces animaux. Et ce seroit une chose fort éloignée de la raison si quelqu’un, de cela seul qu’il ne connoît point de cause qui concoure à la génération d’une mouche et qui ait autant de degrés de perfection qu’en a une mouche, n’étant pas cependant assuré qu’il n’y en ait point d’autres que celles qu’il connoît, prenoit de là occa-