Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/422

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connus par les sens, mais par le seul entendement ; en telle sorte que sentir une chose sans une autre n’est rien autre chose sinon avoir l’idée d’une chose, et savoir que cette idée n’est pas la même que l’idée d’une autre : or cela ne peut être connu d’ailleurs que de ce qu’une chose est conçue sans l’autre ; et cela ne peut être certainement connu si l’on n’a l’idée claire et distincte de ces deux choses : et ainsi ce signe de réelle distinction doit être réduit au mien pour être certain.

Que s’il y en a qui nient qu’ils aient des idées distinctes de l’esprit et du corps, je ne puis autre chose que les prier de considérer assez attentivement les choses qui sont contenues dans cette seconde Méditation, et de remarquer que l’opinion qu’ils ont que les parties du cerveau concourent avec l’esprit pour former nos pensées n’est fondée sur aucune raison positive, mais seulement sur ce qu’ils n’ont jamais expérimenté d’avoir été sans corps, et qu’assez souvent ils ont été empêchés par lui dans leurs opérations ; et c’est le même que si quelqu’un, de ce que dès son enfance il auroit eu des fers aux pieds, estimoit que ces fers fissent une partie de son corps, et qu’ils lui fussent nécessaires pour marcher.

En second lieu, lorsque vous dites[1] « que nous trouvons de nous-mêmes un fondement suffisant

  1. Voyez secondes objections, page 400