Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/445

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attendre les plus vraisemblables, mais qu’il faut quelquefois, entre plusieurs choses tout-à-fait inconnues et incertaines, en choisir une et s’y déterminer, et après cela s’y arrêter aussi fermement, tant que nous ne voyons point de raisons au contraire, que si nous l’avions choisie pour des raisons certaines et très évidentes, ainsi que j’ai déjà expliqué dans le discours de la Méthode. Mais où il ne s’agit que de la contemplation de la vérité, qui a jamais nié qu’il faille suspendre son jugement à l’égard des choses obscures, et qui ne sont pas assez distinctement connues ? Or, que cette seule contemplation de la vérité soit le seul but de mes Méditations, outre que cela se reconnoît assez clairement par elles-mêmes, je l’ai de plus déclaré en paroles expresses sur la fin de la première, en disant « que je ne pouvois pour lors user de trop de défiance, d’autant que je ne m’appliquois pas aux choses qui regardent l’usage de la vie, mais seulement à la recherche de la vérité. »

En sixième lieu, où vous reprenez[1] la conclusion d’un syllogisme que j’avois mis en forme, il semble que vous péchiez vous-mêmes en la forme ; car, pour conclure ce que vous voulez, la majeure devoit être telle, « ce que clairement et distinctement nous concevons appartenir à la nature de quelque chose, cela peut être dit ou affirmé avec

  1. Voyez secondes objections, page 407