Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/478

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« Il se peut faire, dit-il, qu’une chose qui pense soit quelque chose de corporel, dont le contraire est pris ou avancé et n’est pas prouvé. » Tant s’en faut, je n’ai point avancé le contraire et ne m’en suis en façon quelconque servi pour fondement, mais je l’ai laissé entièrement indéterminé jusqu’à la sixième Méditation, dans laquelle il est prouvé.

En après il dit fort bien « que nous ne pouvons concevoir aucun acte sans son sujet, comme la pensée sans une chose qui pense, parceque la chose qui pense n’est pas un rien : » mais c’est sans aucune raison et contre toute bonne logique, et même contre la façon ordinaire de parler, qu’il ajoute « que de là il semble suivre qu’une chose qui pense est quelque chose de corporel ; » car les sujets de tous les actes sont bien à la vérité entendus comme étant des substances, ou si vous voulez comme des matières, à savoir des matières métaphysiques ; mais non pas pour cela comme des corps. Au contraire, tous les logiciens, et presque tout le monde avec eux, ont coutume de dire qu’entre les substances les unes sont spirituelles et les autres corporelles. Et je n’ai prouvé autre chose par l’exemple de la cire, sinon que la couleur, la dureté, la figure, etc., n’appartiennent point à la raison formelle de la cire, c’est-à-dire qu’on peut concevoir tout ce qui se trouve nécessairement dans la cire sans avoir besoin pour cela