Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/484

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ne puissent avoir les mêmes pensées ou raisonnements touchant les mêmes choses, quoique néanmoins ils conçoivent des mots entièrement différents ? Et ce philosophe ne se condamne-t-il pas lui-même, lorsqu’il parle des conventions que nous avons faites à notre fantaisie touchant la signification des mots ? Car s’il admet que quelque chose est signifiée par les paroles, pourquoi ne veut-il pas que nos discours et raisonnements soient plutôt de la chose qui est signifiée que des paroles seules ? Et certes de la même façon et avec une aussi juste raison qu’il conclut que l’esprit est un mouvement, il pourroit aussi conclure que la terre est le ciel, ou telle autre chose qu’il lui plaira ; pourcequ’il n’y a point de choses au monde entre lesquelles il n’y ait autant de convenance qu’il y a entre le mouvement et l’esprit, qui sont de deux genres entièrement différents.


OBJECTION Ve.

SUR LA TROISIÈME MÉDITATION.
DE DIEU.


[1] « Quelques unes d’entre elles (à savoir d’entre les pensées des hommes) sont comme les images des choses auxquelles seules convient proprement le nom d’idée, comme lorsque je pense à un

  1. Voyez Méditation iii, page 267