Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/495

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lesquelles choses, à dire le vrai, sont telles, que plus j’y pense, et moins me semblent-elles pouvoir venir de moi seul. Et par conséquent il faut conclure de tout ce qui a été dit ci-devant, que Dieu existe nécessairement. »

Considérant les attributs de Dieu, afin que de là nous en ayons l’idée, et que nous voyions s’il y a quelque chose en elle qui n’ait pu venir de nous-mêmes, je trouve, si je ne me trompe, que ni les choses que nous concevons par le nom de Dieu ne viennent point de nous, ni qu’il n’est pas nécessaire qu’elles viennent d’ailleurs que des objets extérieurs. Car, par le nom de Dieu, j’entends une substance, c’est-à-dire j’entends que Dieu existe (non point par une idée, mais par raisonnement) : infinie, c’est-à-dire que je ne puis concevoir ni imaginer ses termes ou ses dernières parties, que je n’en puisse encore imaginer d’autres au-delà ; d’où il suit que le nom d’infini ne nous fournit pas l’idée de l’infinité divine, mais bien celle de mes propres termes et limites : indépendante, c’est-à-dire je ne conçois point de cause de laquelle Dieu puisse venir ; d’où il paroît que je n’ai point d’autre idée qui réponde à ce nom d’indépendant, sinon la mémoire de mes propres idées, qui ont toutes leur commencement en divers temps, et qui par conséquent sont dépendantes.

C’est pourquoi, dire que Dieu est indépendant,